samedi 26 mai 2012

LE SALAR D'UYUNI ET LE SUD LIPEZ

Pour quitter Sucre, il faut prendre un bus le matin, très tôt et donc se taper les 10h de voyage en pleine journée et quand on a le mal des transports et donc qu'on ne peut pas s'occuper on trouve le temps trèèèès long ! Perso j en profite pour bouquiner "l echiquier du mal", un roman trouvé a notre auberge précédente sur Potosi. C'est donc en fin de journée de vendredi que nous sommes arrivés à Uyuni. Après s'être installés à l'hôtel Avenida nous partons à la recherche d'une agence pour effectuer un tour de 3 jours dans le salar et le sud lipez. Et la tâche s'annonce compliquée car il n'y a pas moins de 64 agences dans le patlin ! Et forcement, les vendeurs sont tous plus gentils les uns que les autres. On finira par choisir une agence située près de l'hôtel que 2 de nos compatriotes, rencontrés à Potosi, nous avaient conseillé. Après une nuit assez fraiche dans un lit défoncé (pour changer) nous irons prendre un bon petit dèj (enfin, je devrai dire copieux plutôt que bon) afin de nous préparer aux 3 jours à venir. J en profite pour visiter un peu le centre en allant acheter des billets de bus pour le lundi soir. C est un lieu dénué de charme, avec pratiquement aucun arbre, seulement constitué de bâtiments gris séparés les uns des autres par des routes poussiéreuses. C est réellement un village étape ou on dort et mange en attendant de partir pour le Salar et le Sud Lipez qui eux sont a l opposes des successions de merveilles de la nature.


Le 4x4 arrive à l'heure; nous chargeons les affaires sur le toit et faisons connaissance avec ceux qui nous accompagnerons durant ce tour, il s'agit d'un couple Belgeo/bolivien et d'un homme d'affaire Hollandais avec sa cliente Bolivienne. Le Belge, Olivier, est le bassiste du groupe Oil de Cochabamba. Sa compagne, actrice de  café-concert  et qui s appelle Vanessa joue dans une pièce se moquant des politiques. Peter, venu droit des Pays Bas est un expert en pâtisserie et Rachelle veut certainement le devenir elle aussi. Et c'est partie pour des centaines de km où nous devrions voir moulte paysages différents, à bord d un gros 4x4 Lexus!


Nous commencerons notre circuit par un petit tour dans le salar, qui est le désert de sel le plus grand du monde avec une superficie de 12 000 kms2 et situé à pas moins de 3650 m ! C'est impressionnant toute cette étendue de sel ! Sa formation remonte à 10 000 ans, quand l'étendue d'eau salée était une partie du Lago Minchin, un lac préhistorique géant. En s'asséchant, il laissa derrière lui deux petits lacs encore visibles, le Lago Popoo et le Lago Uru Uru et deux grands déserts de sel, le Salar de Coipasa et le gigantesque Salar de Uyuni. Les villages avoisinants, regroupes au sein de la cooperative de Colchani, vivent de cette ressource uniquement. Le kg se vend 0.5 Bs a la cooperative (soit 0.05 € environ). Et tout ça sans aucune machine, exceptés les véhicules des transports. La production annuelle est a peu près de 25000 T. C’est beaucoup... et peu, puisque le Salar contient 64 milliards de T de sel, avec des couches de 2 à 120 m de profondeur. L’agriculture ici est difficile, l’eau douce se faisant rare et pourtant nécessaire e l irrigation des cultures.
Le Salar d Uyuni, c est aussi la moitie de la réserve mondiale de Lithium. Le lithium, composant essentiel des batteries électriques, est actuellement le centre des attentions de plusieurs multinationales, ainsi que du gouvernement. En effet, le salar de Uyuni fait partie du « triangle du lithium » entre le Salar d Acatama au Chili et le Salar del Hoñbre Muerto en Argentine.


Pour notre pause déjeuner, nous nous rendons a la isla de pescado qui doit son nom à sa forme de poisson. Île perdue au milieu du salar, elle est assez surprenante...de formation calcaire, elle nourrit des centaines de cactus ! Telles des sentinelles végétales, des cactus candélabres, dont certains sont âgés de 1 200 ans et mesurant plus d’une dizaine de m, semblent protéger l'île (appelée également Incahuasi qui signifie maison de l’Inca, car c’était un lieu important pour cette civilisation). Ce qui lui donne une allure surréaliste et qui nous émerveille tant par sa beauté que par la vue panoramique qu'elle nous offre. Au loin, les montagnes se reflètent dans le blanc salar...magnifique !  


Cette ile qui n’en est pas une, sauf en saison des pluies, prend en effet une allure de poisson sautant hors de l eau en raison de la diffraction de l'air et de la courbure de la terre dans ce désert blanc balayé par les vents. D’autres morceaux de terre semblent flotter tels des soucoupes volantes dignes des meilleurs romans de science fiction. Nous sommes chanceux, car quelques jours auparavant, l’accès à l’ile était impossible en raison d’une quantité d’eau encore trop importante suite a la saison des pluies. Il ne pleut pas énormément, mais le salar étant une cuvette plate, sa surface entière peut être recouverte de 15 a 30 cm d eau et alors les transports sont impossibles. 


Ici, c est le monde a l envers, les montagnes sont sombres, terre et rochers apparents, alors que le sol est blanc... pas de neige ici mais du sel. Normal puisque nous sommes dans l’hémisphère sud me direz vous mhhh ah ah ah




L'aprèm nous ferons justes de la voiture pour nous rendre à l'hôtel de sel où nous dormirons. Le sel, c’est utilisé dans la cuisine partout dans le monde. Ici c’est utilisé dans la maison entière. Les murs sont le résultat d’assemblages de blocs de sel, tels des briques, liés tous ensembles avec un mélange de sel et d’eau en guise de ciment. Très joli et naturel, je ne pense pas qu’ils remplissent correctement les normes HQE mais c est fort agréable d’y passer un moment. Hélas, ils sont très sensibles a la pluie! Le lit et la table de nuit sont en sel mais la chambre pas chauffée et à en voir les marques d'humidité, pas trop isolée ! Heureusement nous avions pris nos supers duvets en plumes et pour moi, mes belles chaussettes en alpaga !!! La douche étant payante, j’ai pu avoir une excuse toute trouvée pour ne pas me laver ;-)


Le lendemain, on se lève à 7h, une longue journée de voiture nous attend. On traverse quelques villages, dont les villageois ne vivent plus du sel mais de l’agriculture  (quinoa et moutons) et de  l’artisanat. Notre 1er arrêt sera au point de vue sur le volcan Ollague. On traverse la région des volcans et de lacs où nous verrons pleins de flamants roses. Toujours des paysages plus beaux les uns que les autres et un temps magnifique qui nous permet d'apprécier toutes les nuances de couleurs.


 







La végétation rare, leña ou tola, sert à faire du feu et à nourrir les moutons, les lamas et les vigognes.




3 espèces de flamants roses vivent par ici: le flamant chilien, le flamant andin et le flamand de james. Perso, on en a pu observer que la dernière en train de se sustenter dans les lagunes figées aux pieds des volcans et bordées de blanc. Mais cette fois, ce n’est plus du sel mais du potassium. Le flamant de james a les yeux et leur contour rouges, le bec orange et a la pointe noire. Sa tète et son cou sont rose clair. Sa poitrine a des plumes striées roses foncées et les bouts de ses ailes aussi. La partie postérieure du corps est noire.

 
















Le soir on arrive à notre refuge à la laguna colorada située à 4500m et qui a des superbes couleurs rouges et violacées. Ses eaux contrastent fortement avec des reliefs blancs  ressemblant à des icebergs. Aussi blancs, mais cette fois ci nous avons affaire a du Borax. Il est transporté et stocké en vue d exportations ou il sera ensuite utilisé dans l’industrie nucléaire, la métallurgie ou comme insecticide. C’est notre point d’arrivée pour notre seconde nuit, et je regrette notre chambre salée de la veille. 


Nous dormirons en dortoir, toujours pas de chauffage, pas d'isolation, des toilettes crades et pas d'eau !!! C'en ai trop pour notre homme d'affaire (du pays du Gouda pour resituer) qui a payé un supplément (non négligeable: 150$US) pour avoir sa propre chambre et qui pensait dormir dans un vrai hôtel ! Il finira par avoir un dortoir pour lui tout seul mais cet épisode mettra sa cliente en pleure. Heureusement, notre ami Belge a réussi a subtiliser une bouteille de vin que notre guide comptait garder pour lui tout seul. Elle pu rendre le sourire à Rachelle et nous réchauffer un peu. Il fait vraiment très froid - 10/-15ºC, cela faisait longtemps que nous n'avions pas eu affaire à des températures négatives ! Mes pieds sont congelés... et au moment de me mettre au lit...horreur, malheur...je me rends compte que j'ai oublié mes superbes chaussettes de la mort qui tue dans l'hôtel précédent !!! Du coup, même si mon corps était bien au chaud mes pieds ont mis une éternité à se réchauffer. La nuit fut donc très courte d'autant plus que nous nous levions à 5h le lendemain.




Le réveil fut donc difficile surtout que nous n'avions pas moins d'1h de voiture avant d'arriver aux geysers (d’eau chaude) où nous prenions notre petit dèj et, si le courage nous en disait, où l'on pourrait l'agrémenter d'un petit bain digestif. Entre temps nous avons pu assister au levé de soleil sur les geysers (de gaz)...euh...un synonyme de magnifique ou splendide siouplait !!! Chauds, plus de 200ºC. Toxiques et puants. Le temps d’admirer ces dégagements de fumées sous pression, en raison de l’activité volcanique du coin, j ai cru que mes bouts de doigts allaient congeler et se décrocher de mes mains pour rester collés à mon appareil photo! Cette fois-ci, nous pouvions vraiment nous croire sur la lune (la gravite en plus)! Il est tant de repartir nous réchauffer dans un bon bain, en plein air mais avec une eau a 35ºC.



Bon devinez qui fut le courageux et le dégonflé parmi nous ? Disons que j'étais pour aller faire trempette dans l'eau chaude mais le fait de se changer dehors ensuite ne m'a pas motivée (dois-je rappelé qu’il faisait -10 !). J’en ai profité pour me décrasser un peu... c’était très agréable d’être presque tout nu juste à coté d’herbes givrées, sentant les doux rayons caliente du soleil levant contre mes joues glacées et regardant danser tout autour de moi les fumées tièdes. Aussi sorti, mon caleçon a congelé...


Aller, on remonte en voiture direction le désert de Dali et les lagunas blanca et verde. Ce désert fut l’occasion de nous prouver l’instinct de survie des vigognes, puisqu’elles arrivent  à se nourrir dans cet environnement avec une végétation souterraine, introuvable pour le commun des mortels.  Encore des paysages à couper le souffle. Cette fois-ci on se croirait dans le désert ou dans les paysages de "dune". C’est vrai que voir un vers géant surgir du sol pour nous happer, voiture comprise, ne m’aurait presque pas étonné.


La laguna blanca et la laguna verde ont elles aussi droit a leur bords blancs. Ni sel, ni potassium, ni borax, mais de la craie pour la première et du Zinc pour la seconde.







Nous avons également découvert la Yareta. Cette plante est utilisée par la médecine traditionnelle contre la fièvre, l'asthme, le rhume et la bronchite. Ses effets contre le diabète sont en cours d'étude. Mais la plante a surtout été utilisée comme combustible car elle a un pouvoir calorifique élevé (la moitié de celui du charbon). Les habitants de ces régions, pauvres en arbres ou végétaux combustibles, les ramassaient et les conservaient un an avant de les brûler. Avec comme conséquence une forte diminution de la population. Elle est maintenant protégée avec succès. Mais la plante régresse aussi du fait de la pollution. Il faut savoir aussi que sa pousse est très lente (un millimètre par an) avec une très grande longévité. Certains spécimen sont âgés de 3.000 ans.



Le retour nous fera traverser encore et toujours des paysages divers et variés. L’arrêt casse-croûte du midi nous permit une halte dans un petit village, aux constructions en terre et surplombées par des rochers ocres aux formes variées. Et ses troupeaux de lamas, identifiés par leurs propriétaires par des boucles d oreilles colorées. En revenant plus près d’Uyuni, on traversa quelques rivières, absentes des centaines de km parcourus les jours précédents. Puis on pu observer des formations géologiques, dont le nom m’est inconnu, mais qui ressemblaient aux soldats d’une armée gigantesque a l’assaut des sommets des collines dont ils perforaient les flancs.

Nous finirons notre tour par un arrêt au cimetière de trains.












Bilan de ce tour:
Le guide est très important pour ce genre de chose et le notre n'était pas franchement exceptionnel. Il faisait son travail sans plus, alors que d'autres s'impliquaient auprès de leur groupe, donnaient beaucoup d'explications sur chaque site et faisaient en sorte qu'il y ait une bonne ambiance au sein du groupe.
Nos partenaires étaient peut-être un peu trop différents de nous pour que ce soit la franche rigolade !
Mais tout ce que l'on a pu voir durant ces 3 jours était tout simplement merveilleux et cela fait oublier le reste !


C'est pour moi un des grands moments de notre voyage pour l'instant. Autant de paysages différents successifs en seulement 3 jours, c'est inimaginable!!!  Seul regret pour moi, les avoir traversés en 4x4 plutôt qu'à vélo. On en a croisé quelques uns sur la route donc une prochaine fois peut-être... 






N'étant pas loin de la frontière, nous prîmes un bus le soir même, tout crade, puant et frigorifiés.


Cecile y Fanch


Cliquez sur les liens suivants pour accéder á l'intégralité de nos photos pendant ce tour de trois jours fantastiques !!!
Photos du salar (premier jour)
Photos du Sud Lipez (deuxieme jour)
Photos du Sud Lipez (troisieme jour)

1 commentaire:

  1. Bcp de retard sur la lecture ... Mais vos photos sont superbes, carrément top comme on dit ici... Je me lance tout de suite sur la lecture de mes 2 mois de retard. Bisous
    Valou

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