Après
une bonne nuit (sic) passée en bus nous arrivons très tôt et très fatigués à
Iquique. Horrible nuit, après une
journée éprouvante (traversée d’une
tempête de sable à vélo pour mémoire voir post précèdent) et derrière nos
sièges 4 voisines bruyantes et l’une d’entre elles vomissant. Un petit coup d’œil dans le routard et nous marchons sur
quelques quadras en direction de l’hôtel. Nous
sommes accueillis par un vieux Monsieur bien sympathique qui nous donne une
chambre double. Lorsque je lui dis mon
prénom pour son registre, il m’explique qu’il aime François Mitterrand, puis faisant
le signe de trancher sa gorge avec son doigt, me faisant un peu peur sous le
coup de la fatigue, me dit qu’il n’aime pas Franco. C’est aussi ça ma vie, de
porter un prénom aussi célèbre. En revanche Hollande n’est pas encore assez
connu du grand public pour qu’on parle de lui dans une petite ville Chilienne
apparemment. Quel bonheur de posséder
sa propre chambre, d’avoir de nouveau un peu d’intimité et qui plus est dans un
endroit calme et sombre. Et un
lit confortable. C’est
exactement ce qu’il nous fallait, mon humeur des derniers jours nous informait
qu’un tel endroit s’avérait indispensable ! Je confirme ! Et pour mon dos aussi.
Après
une petite sieste nous partons à la découverte de la ville et de son marché.
Iquique se trouvant en bord de mer, nous allons durant ce séjour, nous gaver de
poissons et autres fruits de mer. Pour
ne rien gâcher, les restos aux abords du marché proposent des menus (entrée,
soupe, plat) pour 3 euro ! Les
soupes sont encore une fois délicieuses, bien chargées en moules et autres
bivalves inconnues pour nous et quelques céphalopodes.
En revanche, le poisson
est cuisiné selon une unique recette ; en friture peu importe le
restaurant choisi, donc décevant. Le marché est petit et convivial, avec une
dizaine de stands, proposant du poisson entier jusqu’à la petite barquette de
fruits de mer cuisinés. D’impressionnants cadavres de thons jonchaient enveloppés
par le brouhaha de la criée.
Après
nous être sustenté, nous partons à la recherche d’un hôtel un peu moins onéreux
que celui où nous nous trouvons; cela nous permet également de visiter la
ville. Nous finissons d’ailleurs notre petit tour sur une belle plage au sud
puis par la remontée d’une rue aux maisons en bois avec de grandes
terrasses/balcons. L’origine de ces bâtisses
remontent au temps où les bateaux, lourdement chargés pour les Etats-Unis,
rentabilisaient toujours leur voyage retour avec du fret, comme le pin d’Oregon
qui se vendait à bon prix. Cette ville est construite sur une étroite langue de
terre coincée entre l’océan pacifique et une haute falaise aride.
Le désert la
grignote un peu plus tous les jours. Son isolement est atténué par la présence
de son important port de pêche. Son centre n’est pas très grand et possède de
beaux bâtiments coloniaux datant de son âge d’or qui commença en 1880 lorsque
le Pérou lança l’exploitation de salpêtre. Mais en 1920, le salpêtre est
remplacé par des produits de synthèse et c’est la pêche industrielle et les
usines de farine de poisson qui prennent le relais. Sa banlieue parait très
pauvres malgré les quelques tours au milieu des cabanons en taules. Durant
les ballades, nous croisons plusieurs panneaux qui nous avertissent que nous
sommes dans une zone à risque de tsunami et qui indiquent en cas de besoin les
directions à suivre pour se mettre à l’abri. On vous rassure, on n’a pas test.
La
recherche d’un nouvel hôtel s’avère finalement infructueuse et le prix que l’on
paye est celui de notre tranquillité !Et
l’on aime franchement ce petit hôtel tenu par des gens d’un certain âge
toujours souriants. La déco est certes un peu vieillotte mais le patio et les
chambres avec TV sont bien appréciables. C’est
vrai que l’ensemble du personnel est du 3eme, voir du 5eme âge pour la
patronne. Très gentille mais un peu radine sur le petit-dej, un café et un bout
de pain avec une tranche de fromage de 0,5mm d’épaisseur… Le patio est bien
fleuri, et on a l’embarras du choix pour s’avachir dans de bons fauteuils aussi
vieux que leur propriétaire. Cet hôtel s’appelle l’hostal catedral et porte bien
son nom puisqu’il est situé juste en face, je vous le donne en mille, de la
cathédrale d’Iquique. Jolie, mais se sont surtout ces carillons qui valent le
coup, sonnant une longue et joyeuse mélodie toutes les heures.
Les
jours suivants, on les passe à flâner dans la ville, à manger au resto et se
reposer ! Parmi les instants de bonheur, un petit pique-nique en bord de plage
à contempler les Pélicans et Otaries à crinière (lions ou loup de mer), des Cormorans de Gaimard (Phalacrocorax gaimardi) et des
Huitriers noirs (Haematopus ater)… Au menu du jour de la chair de crabe que nous avions
préalablement été acheter au marché. Un véritable délice… Nous en passons du
temps d’ailleurs à observer ces bestioles et nous revenons presque chaque jour
les voir !
Les
Pelecanidae sont une famille
d'oiseaux constituée du seul genre Pelecanus
et de huit espèces de grands oiseaux aquatiques nommés pélicans. Les pélicans sont
piscivores et caractérisés par un grand bec (jusqu’à 50cm) muni d'une
volumineuse poche extensible. Je pense que les individus que nous avons eu
plaisir à observer sont des représentants de l’espèce Pelecanus thagus. Ces oiseaux ont un plumage sombre avec une tête et un cou blanc.
Ils ont une touffe de plume au sommet du crâne. La
saison de reproduction s'étale de septembre à mars et ils pondent deux ou trois
œufs, qui sont couvés pendant près de cinq semaines. Les oisillons sont élevés
pendant trois mois en général. Ces pélicans se nourrissent de plusieurs espèces de poissons
(environ 2 kg par jour) avec une préférence pour les sardines et les anchois qu'ils
pêchent en plongeant comme leur cousin le pélican brun (ce sont les deux seuls
espèces de Pélicans à se nourrir de cette façon). Corrigeant légèrement sa
trajectoire, il semble suspendu dans le ciel avant de basculer et de piquer
d’une hauteur de 10 à 30m, bec à la verticale. Durant cette descente en
piqué, les ailes sont maintenues en V, et la tête et le cou tendus vers
l’avant. Au moment de l’impact avec la surface de l’eau, les ailes et les
pattes sont repoussées vers l’arrière et le bec s’ouvre pour englober le
poisson. L’oiseau peut disparaître entièrement sous l’eau. Chaque plongeon ne
vise qu’un seul poisson. Cette technique spectaculaire s'apprend sur le tas :
les jeunes pélicans qui s'essayent à pêcher commencent par prendre de sévères
bûches en faisant des plats à la surface de l'eau. (Malgré le temps passé à les regarder nous n’avons pas eu le
plaisir de les voir pêcher).
Passant
la moitié de son existence dans l'eau de mer, un pélican doit préserver son
plumage des brûlures du soleil et du sel. (Par contre, ça c’est un beau spectacle de les voir se
contorsionner pour tirer délicatement sur chaque plume) Chaque jour, entre deux séances de plongée, il lisse ses ailes à
l’aide de contorsions improbables et en épandant sur chacune de ses plumes une
sécrétion protectrice qu'il recueille de son bec sur la glande uropygienne,
près de son croupion.
Leur envol requiert un gros effort ; ils courent à la
surface de l’eau, en battant vigoureusement des ailes (de gros oiseaux bien lourdaud qui doivent prendre leur élan
avant de s’envoler). Pour parcourir de
longues distances, ils dépendent des ascendances thermiques. Les pélicans
peuvent voler jusqu’à 24 heures d’affilée et couvrir 500 km en un jour. La plus
grande vitesse de vol a été chronométrée à 56 km/h.
Le
lion de mer tient son nom en raison de la crinière rousse qu’arborent les mâles
et des mugissements qu’il pousse pour protéger son harem. Mammifères marins,
ils se nourrissent de poissons, crustacés et petits oiseaux sur toute la côte
pacifique du Chili. Cette espèce reste menacée pour avoir été longtemps chassée
pour sa fourrure et sa graisse.
Le
cormoran de Gaimard et l’huitrier noir habitent les côtes du Pérou, du Chili et
de l’Argentine. Le premier a un plumage gris, avec une tâche blanche au niveau
du cou. Il est facilement reconnaissable avec par le rouge vif de ses pattes et
de la base de son cou. Le deuxième se caractérise par ses yeux jaunes entourés
de rouge ainsi que ses pattes rosées. Il est facilement reconnaissable avec son
long bec rouge-orangé.
Dans
nos activités aussi, la visite du musée de la mer dédié à la guerre du pacifique
dont un des héros (Arturo Pratt) est mort à bord de sa caravelle, l’Esmeralda, au
large d’Iquique. Cette caravelle a d’ailleurs été recrée à l’identique et
repose, imposante, dans une piscine (?) non loin du port de pêche.
Cette corvette en bois fût coulée en 4h par le cuirassé péruvien
Huáscar. L'Esmeralda pesait 850 tonnes et été à propulsion mixte voile/vapeur,
avec une puissance mécanique affichée de 200 chevaux, des canons de 40 kg, 4 de
30 kg et 2 de 6 kg. Le Huáscar, déplaçait quant à lui 1 130 tonnes, avec un
blindage d'une épaisseur de 4 pouces et demi, 2 canons de calibre 300 mm placés
dans une tourelle mobile. Il s'avère que durant la première passe d'armes,
quand les deux navires furent côte à côte, le capitaine Arturo Prat, conscient
que son vaisseau était incapable de soutenir victorieusement le combat, dans un
acte singulier d'héroïsme, aborda le Huáscar accompagné seulement d’un de ses
sergent, une épée et un pistolet dans les mains et cria « à l'abordage
muchachos ! ». Une fois à bord, il s'est avancé vers le poste de commandement
et a sans doute été tué par une décharge de fusil de son sergent Juan de Dios
Aldea, pas de chance.
Une
ville et une étape que l’on a donc apprécié pour sa douceur et sa tranquillité
mais également pour le repos et le visionnage de films, allongés peinards dans
nos lits.
Fanch y Cécile
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