Pour quitter Sucre, il faut prendre un bus le matin, très tôt et donc se
taper les 10h de voyage en pleine journée et quand on a le mal des transports
et donc qu'on ne peut pas s'occuper on trouve le temps trèèèès long ! Perso j en
profite pour bouquiner "l echiquier du mal", un roman trouvé a
notre auberge précédente sur Potosi. C'est donc en fin de journée de vendredi
que nous sommes arrivés à Uyuni. Après s'être installés à l'hôtel Avenida
nous partons à la recherche d'une agence pour effectuer un tour de 3 jours dans
le salar et le sud lipez. Et la tâche s'annonce compliquée car il n'y a pas
moins de 64 agences dans le patlin ! Et forcement, les vendeurs sont tous plus
gentils les uns que les autres. On finira par choisir une agence située près de
l'hôtel que 2 de nos compatriotes, rencontrés à Potosi, nous avaient conseillé.
Après une nuit assez fraiche dans un lit défoncé (pour changer) nous irons
prendre un bon petit dèj (enfin, je devrai dire copieux plutôt que bon) afin de
nous préparer aux 3 jours à venir. J en profite pour visiter un peu le centre en
allant acheter des billets de bus pour le lundi soir. C est un lieu dénué de
charme, avec pratiquement aucun arbre, seulement constitué de bâtiments gris séparés
les uns des autres par des routes poussiéreuses. C est réellement un village étape
ou on dort et mange en attendant de partir pour le Salar et le Sud Lipez qui
eux sont a l opposes des successions de merveilles de la nature.
Le 4x4 arrive à l'heure; nous chargeons les
affaires sur le toit et faisons connaissance avec ceux qui nous
accompagnerons durant ce tour, il s'agit d'un couple Belgeo/bolivien et d'un
homme d'affaire Hollandais avec sa cliente Bolivienne. Le Belge,
Olivier, est le bassiste du groupe Oil de Cochabamba. Sa compagne,
actrice de café-concert et qui s appelle Vanessa joue dans une pièce
se moquant des politiques. Peter, venu droit des Pays Bas est un expert en pâtisserie
et Rachelle veut certainement le devenir elle aussi. Et c'est
partie pour des centaines de km où nous devrions voir moulte paysages différents, à bord d un
gros 4x4 Lexus!
Nous commencerons notre circuit par un
petit tour dans le salar, qui est le désert de sel le plus grand du monde avec
une superficie de 12 000 kms2 et situé à pas moins de 3650 m ! C'est impressionnant
toute cette étendue de sel ! Sa formation remonte à 10 000 ans, quand
l'étendue d'eau salée était une partie du Lago Minchin, un lac
préhistorique géant. En s'asséchant, il laissa derrière lui deux petits lacs
encore visibles, le Lago Popoo et le Lago Uru Uru et deux grands
déserts de sel, le Salar de Coipasa et le gigantesque Salar de Uyuni. Les villages
avoisinants, regroupes au sein de la cooperative de Colchani, vivent de
cette ressource uniquement. Le kg se vend 0.5 Bs a la cooperative (soit 0.05 €
environ). Et tout ça sans aucune machine, exceptés les véhicules des
transports. La production annuelle est a peu près de 25000 T. C’est beaucoup...
et peu, puisque le Salar contient 64 milliards de T de sel, avec des couches de
2 à 120 m de profondeur. L’agriculture ici est difficile, l’eau douce se
faisant rare et pourtant nécessaire e l irrigation des cultures.
Le Salar d Uyuni, c est aussi la moitie
de la réserve mondiale de Lithium. Le lithium, composant essentiel des
batteries électriques, est actuellement le centre des attentions de plusieurs
multinationales, ainsi que du gouvernement. En effet, le salar de Uyuni fait
partie du « triangle du lithium » entre le Salar d Acatama au
Chili et le Salar del Hoñbre Muerto en Argentine.
Pour notre pause déjeuner, nous nous
rendons a la isla de pescado qui doit son nom à sa forme de poisson. Île perdue
au milieu du salar, elle est assez surprenante...de formation calcaire, elle
nourrit des centaines de cactus ! Telles des sentinelles végétales, des cactus
candélabres, dont certains sont âgés de 1 200 ans et mesurant plus d’une
dizaine de m, semblent protéger l'île (appelée également Incahuasi qui signifie
maison de l’Inca, car c’était un lieu important pour cette civilisation). Ce qui
lui donne une allure surréaliste et qui nous émerveille tant par sa beauté que
par la vue panoramique qu'elle nous offre. Au loin, les montagnes se reflètent
dans le blanc salar...magnifique !
Cette ile qui n’en est pas une, sauf en saison
des pluies, prend en effet une allure de poisson sautant hors de l eau en
raison de la diffraction de l'air et de la courbure de la terre dans ce désert
blanc balayé par les vents. D’autres morceaux de terre semblent flotter tels
des soucoupes volantes dignes des meilleurs romans de science fiction. Nous
sommes chanceux, car quelques jours auparavant, l’accès à l’ile était
impossible en raison d’une quantité d’eau encore trop importante suite a la
saison des pluies. Il ne pleut pas énormément, mais le salar étant une cuvette
plate, sa surface entière peut être recouverte de 15 a 30 cm d eau et alors les
transports sont impossibles.
Ici, c est le monde a l envers, les montagnes
sont sombres, terre et rochers apparents, alors que le sol est blanc... pas de
neige ici mais du sel. Normal puisque nous sommes dans l’hémisphère sud me
direz vous mhhh ah ah ah
L'aprèm nous ferons justes de la voiture
pour nous rendre à l'hôtel de sel où nous dormirons. Le sel,
c’est utilisé dans la cuisine partout dans le monde. Ici c’est utilisé dans la
maison entière. Les murs sont le résultat d’assemblages de blocs de sel, tels
des briques, liés tous ensembles avec un mélange de sel et d’eau en guise de
ciment. Très joli et naturel, je ne pense pas qu’ils remplissent correctement
les normes HQE mais c est fort agréable d’y passer un moment. Hélas, ils
sont très sensibles a la pluie! Le lit et la table de nuit sont en sel mais
la chambre pas chauffée et à en voir les marques d'humidité, pas trop isolée !
Heureusement nous avions pris nos supers duvets en plumes et pour moi, mes
belles chaussettes en alpaga !!! La douche étant payante, j’ai pu avoir une
excuse toute trouvée pour ne pas me laver ;-)
Le lendemain, on se lève à 7h, une longue
journée de voiture nous attend. On traverse quelques villages, dont les
villageois ne vivent plus du sel mais de l’agriculture (quinoa et
moutons) et de l’artisanat. Notre 1er arrêt sera au point de vue sur
le volcan Ollague. On traverse la région des volcans et de lacs où nous verrons
pleins de flamants roses. Toujours des paysages plus beaux les uns que les
autres et un temps magnifique qui nous permet d'apprécier toutes les nuances de
couleurs.
3 espèces de flamants roses vivent par ici: le flamant chilien, le flamant andin et le flamand de james. Perso, on en a pu observer que la dernière en train de se sustenter dans les lagunes figées aux pieds des volcans et bordées de blanc. Mais cette fois, ce n’est plus du sel mais du potassium. Le flamant de james a les yeux et leur contour rouges, le bec orange et a la pointe noire. Sa tète et son cou sont rose clair. Sa poitrine a des plumes striées roses foncées et les bouts de ses ailes aussi. La partie postérieure du corps est noire.
Le soir on arrive à notre refuge à la
laguna colorada située à 4500m et qui a des superbes couleurs rouges et violacées.
Ses eaux contrastent fortement avec des reliefs blancs ressemblant à des
icebergs. Aussi blancs, mais cette fois ci nous avons affaire a du Borax. Il
est transporté et stocké en vue d exportations ou il sera ensuite utilisé dans
l’industrie nucléaire, la métallurgie ou comme insecticide. C’est notre point
d’arrivée pour notre seconde nuit, et je regrette notre chambre salée de la
veille.
Nous dormirons en dortoir, toujours pas de
chauffage, pas d'isolation, des toilettes crades et pas d'eau !!! C'en ai trop
pour notre homme d'affaire (du pays du Gouda pour resituer) qui a
payé un supplément (non négligeable: 150$US) pour avoir sa propre chambre et qui
pensait dormir dans un vrai hôtel ! Il finira par avoir un dortoir pour lui
tout seul mais cet épisode mettra sa cliente en pleure. Heureusement,
notre ami Belge a réussi a subtiliser une bouteille de vin que notre guide
comptait garder pour lui tout seul. Elle pu rendre le sourire à Rachelle et nous réchauffer
un peu. Il fait vraiment très froid - 10/-15ºC, cela faisait longtemps que nous n'avions
pas eu affaire à des températures négatives ! Mes pieds sont congelés... et au
moment de me mettre au lit...horreur, malheur...je me rends compte que j'ai
oublié mes superbes chaussettes de la mort qui tue dans l'hôtel précédent !!!
Du coup, même si mon corps était bien au chaud mes pieds ont mis une éternité à
se réchauffer. La nuit fut donc très courte d'autant plus que nous nous levions
à 5h le lendemain.
Le réveil fut donc difficile surtout que
nous n'avions pas moins d'1h de voiture avant d'arriver aux geysers (d’eau
chaude) où nous prenions notre petit dèj et, si le courage nous en disait, où l'on
pourrait l'agrémenter d'un petit bain digestif. Entre temps nous avons pu
assister au levé de soleil sur les geysers (de gaz)...euh...un
synonyme de magnifique ou splendide siouplait !!! Chauds, plus
de 200ºC. Toxiques et puants. Le temps d’admirer ces dégagements de fumées sous
pression, en raison de l’activité volcanique du coin, j ai cru que mes bouts de
doigts allaient congeler et se décrocher de mes mains pour rester collés à mon
appareil photo! Cette fois-ci, nous pouvions vraiment nous croire sur la lune
(la gravite en plus)! Il est tant de repartir nous réchauffer dans un bon bain,
en plein air mais avec une eau a 35ºC.
Bon devinez qui fut le courageux et le
dégonflé parmi nous ? Disons que j'étais pour aller faire trempette dans l'eau
chaude mais le fait de se changer dehors ensuite ne m'a pas motivée (dois-je
rappelé qu’il faisait -10 !). J’en ai profité pour me décrasser un peu... c’était
très agréable d’être presque tout nu juste à coté d’herbes givrées, sentant les
doux rayons caliente du soleil levant contre mes joues glacées et regardant
danser tout autour de moi les fumées tièdes. Aussi sorti, mon caleçon a congelé...
Aller, on remonte en voiture direction le
désert de Dali et les lagunas blanca et verde. Ce désert fut l’occasion de
nous prouver l’instinct de survie des vigognes, puisqu’elles arrivent à
se nourrir dans cet environnement avec une végétation souterraine, introuvable
pour le commun des mortels. Encore des paysages à couper le
souffle. Cette fois-ci on se croirait dans le désert ou dans les paysages de
"dune". C’est vrai que voir un vers géant surgir du sol pour nous
happer, voiture comprise, ne m’aurait presque pas étonné.
La laguna blanca et la laguna verde ont elles
aussi droit a leur bords blancs. Ni sel, ni potassium, ni borax, mais de la
craie pour la première et du Zinc pour la seconde.
Nous avons également découvert la Yareta. Cette plante est
utilisée par la médecine traditionnelle contre la fièvre, l'asthme, le rhume et
la bronchite. Ses effets contre le diabète sont en cours d'étude. Mais la
plante a surtout été utilisée comme combustible car elle a un pouvoir
calorifique élevé (la moitié de celui du charbon). Les habitants de ces
régions, pauvres en arbres ou végétaux combustibles, les ramassaient et les
conservaient un an avant de les brûler. Avec comme conséquence une forte
diminution de la population. Elle est maintenant protégée avec succès. Mais la
plante régresse aussi du fait de la pollution. Il faut savoir aussi que sa pousse est très lente (un millimètre par an) avec
une très grande longévité. Certains
spécimen sont âgés de 3.000 ans.
Le retour nous fera traverser encore et
toujours des paysages divers et variés. L’arrêt casse-croûte du midi nous permit une
halte dans un petit village, aux constructions en terre et surplombées par des
rochers ocres aux formes variées. Et ses troupeaux de lamas, identifiés par
leurs propriétaires par des boucles d oreilles colorées. En revenant plus près
d’Uyuni, on traversa quelques rivières, absentes des centaines de km parcourus
les jours précédents. Puis on pu observer des formations géologiques, dont le
nom m’est inconnu, mais qui ressemblaient aux soldats d’une armée gigantesque a
l’assaut des sommets des collines dont ils perforaient les flancs.
Bilan de ce tour:
Le guide est très important pour ce genre de chose et le notre n'était pas franchement exceptionnel. Il faisait son travail sans plus, alors que d'autres s'impliquaient auprès de leur groupe, donnaient beaucoup d'explications sur chaque site et faisaient en sorte qu'il y ait une bonne ambiance au sein du groupe.
Nos partenaires étaient peut-être un peu trop différents de nous pour que ce soit la franche rigolade !
Mais tout ce que l'on a pu voir durant ces 3 jours était tout simplement merveilleux et cela fait oublier le reste !
N'étant pas loin de la frontière, nous prîmes un bus le soir même, tout crade, puant et frigorifiés.
Cecile y Fanch
Cliquez sur les liens suivants pour accéder á l'intégralité de nos photos pendant ce tour de trois jours fantastiques !!!
Photos du salar (premier jour)
Photos du Sud Lipez (deuxieme jour)
Photos du Sud Lipez (troisieme jour)
Bcp de retard sur la lecture ... Mais vos photos sont superbes, carrément top comme on dit ici... Je me lance tout de suite sur la lecture de mes 2 mois de retard. Bisous
RépondreSupprimerValou