"La Paz (officiellement, Nuestra Señora de La Paz) est le siège du gouvernement bolivien. Elle est pour les Boliviens la capitale administrative du pays, Sucre étant la capitale constitutionnelle. Les trois pouvoirs sont également séparés entre ces deux « capitales » : les pouvoirs exécutifs et législatifs à La Paz ; le pouvoir judiciaire à Sucre. La Paz est située à une altitude de 3 660 m. Le sommet du Nevado Illimani, qui culmine à plus de 6 000 m de haut, surplombe la ville."
Après notre petit séjour
à Samaipata nous avons dû retourner à Santa Cruz pour prendre un bus en
direction de La Paz. Nous avons donc choisit
la compagnie « El Dorado » qui était conseillée par le routard, pour
un trajet de nuit d’une durée d’environ 17h. Un bus en cama avec toilettes, chauffage, télé et lumière… avec une énorme pancarte derrière leur guichet indiquant en lettre majuscule « Cama con baño ». Enfin ça c’est ce qu’ils nous ont dit au guichet car la
réalité était tout autre…, un bus au confort et
à la propreté plus que sommaire et surtout… pas de toilettes !!! Imaginez
17H de bus sans chiotte… Pour la 1ere fois depuis le début de notre voyage Fanch
s’est énervé après les mecs de la compagnie, et malgré mon espagnol rudimentaire ils ont compris
le message. Enfin le fait qu’il ait
poussé sa gueulante cela a joué en notre faveur car le bus s’est arrêté en
pleine campagne quand je leur ai demandé. Je leur ai même demandé de me rembourser le boliviano payé
lors de la halte dans des toilettes en bord de route, c’est pas une question
d’argent (environ 10 centimes d'euro) mais juste pour le principe !!! Car si dès le
départ ils avaient été honnêtes, je n’aurais pas fait tant d’esclandres, mais
leur façon de faire prend vraiment le client en otage et un collègue Péruvien
leur en a mis aussi plein la tête (et lui maîtrisait très bien
l’espagnol !). Pour les voyageurs on déconseille fortement donc de
voyager avec cette compagnie (EL DORADO), ayant rencontrés depuis des touristes
qui ont vécu exactement la même chose que nous avec cette dernière. Sans
toilettes, sans lumière, sans chauffage et sans télé. La télé ce n’est pas très
important, quoi que sans lumière c’est une bonne occupation sur un aussi long
trajet, mais sans chauffage en pleine nuit et à haute altitude c’est déjà
beaucoup moins drôle ! Ce petit désagrément ne m’a pas empêché de profiter
du paysage en journée, me rappelant étonnement un peu la Patagonie, mais avec
des parcelles cultivées et plus de relief aussi.
Je m’étais bien préparée
en chiquant de la coca une bonne partie de la nuit. Donc à part le manque de
souffle ça allait à l’inverse de Fanch qui a commencé à avoir un mal de tête
qui l’a couché au final pendant 2 jours. Depuis, j’ai toujours mal de tête aux environs de 3500m, et tout va bien
au dessous et au dessus… bizarre bizarre, à moins que ce soit l’effet feuille
de coca qui s’inhibe à cette altitude chez moi!
J’ai pu aller pendant ce
temps à la découverte de la ville…c’est une ville assez surprenante qui est
encaissé entre des montagnes et dont chaque cm2 ont été rentabilisé !
Cette ville est également la1ère que l’on découvre sans quadras, c’est un peu
brouillon mais du coup ça lui donne un air sympathique. Sur tous les trottoirs,
des boliviens qui vendent des produits de toutes sortes soit dans des petites cahutes
en fer ou des petits stands ou encore à même le sol. C’est le bordel, c’est
vivant, c’est bruyant mais qu’est-ce-que c’est chouette !
Cette ville est également
la seule au monde où il faille descendre pour se trouver dans les beaux
quartiers, le centre étant encaissé en
fond de vallée et les banlieues plus pauvres s’étirant vers le haut sur une
surface gigantesque posée sur l’Altiplano. C’est effectivement le résultat des conditions
climatiques ! A presque 800m de dénivelé on comprend pourquoi ! Du coup,
ce qu’ils appellent l’Alto est la partie la plus haute, soit 4000m d’altitude
qui n’en finit plus de s’étendre, elle comprend 800 000 habitants !!!
Certaines rues sont tellement en pente,
que ce sont purement et simplement des escaliers. Nous avons grimpé jusqu’au
point de vue Killi-killi et de cet endroit la vision de cette ville est
vraiment vertigineuse, avec ses quelques tours et son stade de foot au centre,
et toutes ses habitations en briques qui grimpent le long de ses flancs jusqu’à
perte de vue. Sans oublié le mont Illimani enneigé qui se dresse derrière elle
à 6439 m d’altitude.
Les habitants possèdent
très rarement leur propre voiture et le mode de transport le plus utilisé est
le micro (petit bus) et le taxi ! Les chauffeurs rentabilise l’espace de
leur véhicule de façon impressionnante, les bagages sur le toit bien sur, et
les gens imbriqués les uns dans les autres. Autant le permis de conduire semble
inutile ici, le klaxon le plus fort ayant la priorité, autant la maîtrise du
jeu Tetris s’avère primordiale.
Notre arrivée à La Paz a
été l’occasion pour moi de gouté pour la première fois un steak de lama. Pas
mauvais, viande assez forte au gout et tendre, mais qui ne remplacera pas la
bonne viande de vache pour moi ! Nous mangeons bien et pas cher dans
l’ensemble, et avons même trouvé une petite mamie sur le marché vendant un bon
fromage (le premier depuis le début de notre voyage).
Nous sommes restés quelques
jours dans cette ville pour nous accoutumer à l’altitude et laisser le temps à
nos petites alvéoles pulmonaires de se dilater et à nos petits globules rouges
de se multiplier. Nous y repasserons par la suite 2 ou 3 fois, car La Paz est
le passage obligé dans ce coin de Bolivie entre les Andes à l’ouest, l’Amazonie
au nord, et le Salar au sud. Mais nous avons déjà visité quelques uns de ses
proches environs (voir ci-dessous).
Tiwanaku :
Une petite excursion à 70 km de La Paz… le site de Tiahuanaco ; symbole de la civilisation
qui précéda les incas. Ce sont les
Wakaranis, qui vivaient de pêche, élevaient des lamas et cultivaient la pomme
de terre, qui ont donné naissance à cette société fascinante. Ce site connu son âge d’or du 8ème au
12ème siècle après JC, au terme d’un long processus évolutif de plus
de 2000 ans. C’était la capitale d’un empire théocratique Aymara qui s’étendait
au-delà du lac Titicaca après avoir fusionné avec l’Empire wari au Pérou,
c’était également un centre culturel. Ses habitants, qui, en outre, savaient
traiter les métaux, avaient de fines connaissances en maths, en astronomie, et
, surtout, en ingénierie hydraulique et en agronomie. Ils furent dans les premiers en Amérique du Sud à utiliser
la pierre pour créer de grandes constructions permanentes (et vu les restes du
site, ils le faisaient plutôt bien !). Il est bien possible que ce soit eux et non aux Incas que
l’on doive les célèbres chemins précolombiens autour de La Paz car ils avaient
développé tout un savoir pratique. Tant et si bien d’ailleurs, que leurs techniques
agricoles, les suka kollus, sont aujourd’hui considérées comme une alternative
crédible aux techniques actuelles très peu productives.
Mais qu’es-ce que les suka
kollus ? Les suka kollus est le système de culture andine où s’intercalent
les plateformes cultivées et les canaux où circule l’eau. Etymologiquement, Suka signifie sillon ou
culture, kollo signifie tas ou colline.
Les canaux se disent Suka Uma (Uma
signifiant eau). La principale caractéristique des Soka kollus est la
modification du climat environnant en dotant les cultures d’une plus grande
humidité et régulant la température. Ceci évite le manque d’irrigation et l’excès
de froid ou de chaleur.
En mauvais état par rapport
aux autres lieux du site, on peut tout de même se rendre compte de sa grandeur
jadis.
Le temple
semi-souterrain :
Enfoui à 2 m de profondeur,
ce temple représente le monde où vivent… les morts, et les êtres à venir. Il
contient 172 têtes anthropomorphes de roches volcaniques.
Kalasasaya signifie
« pierres dressées » en aymara. Ces murs de pierres sont d’une
rectitude parfaite sur environs un carré de 125 m de coté. Ce temple servait au
culte du soleil et représente le plan céleste. Les dessins de la porte du
soleil représentent des hommes condors ou des divinités comme Viracocha.
Il y a également dans ce
temple la statue avec les bras repliés sur le torse, qui fut le motif d’une
expédition pour tenter de démontrer l’origine polynésienne de cette
civilisation. Cette thèse est réfutée aujourd’hui.
Mais les amateurs de
bandes-dessinées reconnaitront certainement quelques détails du « Temple
du soleil » d’Hergé. En effet, toutes les icônes et symboles prétendument
incas de sa BD viennent d’ici.
Il y a également plus loin
la porte de la lune.
Chacaltaya :
Un peu plus loin de La Paz,
le sommet Chacaltaya, qui culmine à 5490 m d’altitude. Jusqu’en 2009, il s’y
trouvait la station de ski la plus haute du monde. Mais hélas, la fonte total
du glacier l’a rayé de la carte (il commence à bien faire le réchauffement
climatique, il dépasse un peu les limites des portes entre-ouvertes sur ce coup
là !!!). Les flancs sont une multitude de blocs d’ardoise brisés sous
l’effet de l’infiltration puis de la congélation de l’eau de pluie dans ses
veines.
D’ailleurs, ils sont quadrillés d’appareils, que j’imagine être des
sismographes, leur équilibre paraissant très fragile. A cette altitude, le
manque d’oxygène se ressent vraiment et il fallu plusieurs pauses pour monter à
pied les 900 derniers mètres (les milliers précédent étant effectués en bus
c’est beaucoup moins fatiguant, mais aussi beaucoup plus effrayant vu
l’étroitesse des routes et le précipice les longeant). Mais ça vaut vraiment le
coup. J’ai pu toucher mes premières neiges du voyage, et admirer un panorama à
360° magnifique : vue sur le lac Titicaca, le mont Potosi qui pointe à
6088 m de hauteur et une chaine de montagne enneigée en arrière plan, plus près
des lacs émeraude et rouge (l’alcool non ! l’eau ferrugineuse
oui !!!) et de l’autre coté LA PAZ gigantesque noyée dans la brume.
Valle de la luna :
Puis après notre escalade
du Chacaltaya, nous sommes revenus vers La Paz pour la dépasser vers le sud et
se rendre à la vallée de la luna. Je ne sais pas si le Chacaltaya avait mis la
barre trop haute, mais cette vallée ne m’a pas emballée plus que ça (et puis ça
m’étonnerai que la Lune ressemble à ça une fois dessus !!!). Les
mouvements tectoniques des aires secondaire et tertiaire sont à l’origine de
ces formations, emprisonnant alors entre
les cordillères l’eau de mer en un gigantesque lac qui s’étendait du lac
titicaca au salar d’Uyuni. Cette partie du lac asséchée ensuite, les sédiments
furent (et sont toujours) sculptés par les pluies, les eaux souterraines et les
vents, pour formés ses colonnes en pics et ses cavernes.
Cette visite aura eu le
mérite de nous faire tomber par hasard sur une troupe de danse amusante. Ne se
prenant pas au sérieux, les danseurs s’amusaient et nous ont bien fait rire
aussi. Filmés pour la télévision je pense, nous ne savons pas pour quel
évènement, et non plus le nom de leur instrument qu’ils tiennent dans la main
et qui fait un cliquetis en le faisant tourner. Mais nous l’apprendrons
certainement très bientôt…